Tissus biologiques et éco-responsables

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jui 21

Si vous faites de la couture ou que vous aimez la mode, vous vous êtes peut-être questionné sur la différence entre les matières synthétiques et naturelles. Comment faire le meilleur choix de matière pour vos tissus ?

Dans cet article, nous vous aidons à mieux appréhender les critères pour choisir entre fibres naturelles et synthétiques pour vos textiles.


Les critères de choix s’observent tout au long du cycle de vie du textile, de sa création à sa fin de vie en passant par son utilisation et son entretien.


Matières naturelles, artificielles ou synthétiques, qui est qui ?

Pour bien comprendre, observons les matières issues de fibres naturelles et celles qui ne le sont pas et leur procédé de fabrication. Il existe 3 types de matières textiles : naturelles, artificielles et synthétiques.

Les matières naturelles

Parmi les matières naturelles, on peut distinguer les matières d’origine végétale et les matières d’origine animale.

Les matières végétales sont obtenues à partir de plantes, de feuilles, de graines ou de fleurs et rassemblent des matières telles que le coton, le chanvre, le lin, les jutes, le raphia, le coco, le caoutchouc naturel.

Les matières animales sont issues des poils d’animaux ou de leur production comme la laine, le mohair, le cachemire, l’alpaga, la soie.

Les tissus en fibres naturelles végétales ou animales vont suivre le même schéma de fabrication

  1. La fibre (coton, lin, laine…) va être cultivée dans un champ ou sur l’animal. Selon le type de culture, cette production va impliquer l’utilisation d’engrais, de pesticides, de quantité d’eau importante. C’est pourquoi les cultures biologiques plus respectueuses de l’environnement se développent. 

  2. La fibre va ensuite être filée pour devenir… un fil. 

  3. Une fois ce fil obtenu, on le tisse ou le tricote pour en faire un tissu ou une maille.

La transformation de la fibre en fil puis en tissu ne nécessite pas d’additifs chimiques.


Vidéo : transformation de la laine de mouton (5 min)  

Vidéo : Coton : ces entreprises françaises qui savent le transformer (5 min)  

Vidéo : Comment c’est fait : le fil de coton ? (4 min)  

Vidéo : Comment c’est fait : le lin, une fibre écologique (9 min)  


Les matières artificielles

Les matières artificielles sont basées sur des matières issues de la nature comme la pâte à bois, la sève d’hévéa, le bambou, l’eucalyptus, l’ananas, le soja, le raisin. 

Pour faire des fibres issues de bois ou de fruits, on va extraire la cellulose des végétaux pour la transformer en fibre. La cellulose est le composant principal des matières végétales. Pour prendre l’exemple de la viscose (aussi appelée soie artificielle), on extrait la cellulose par un mélange de sulfate de soude et d’acide citrique. On obtient un fil à partir d’une pâte de bois créée grâce à l’emploi de disulfure de carbone.

Les matières artificielles sont énormément produites par l’industrie car elles possèdent des propriétés plus difficiles à obtenir avec des matières naturelles : fluidité, brillance, résistance, peu froissable. Toutefois, elles n’offrent pas de capacités thermiques (respirabilité, maintien de la chaleur).

Les matières synthétiques

Les matières synthétiques sont entièrement fabriquées chimiquement à partir de charbon ou de pétrole. Parmi celles-ci on retrouve le nylon, le polyester, l’acrylique, l’élasthanne, le polypropylène, les microfibres (la plupart en polyester).


Dans le cas de matières synthétiques comme le polyester, les fibres sont obtenues par procédé chimique. Avant d’être un fil, le polyester est une sorte de gel obtenu par la condensation de l’acide téréphtalique et l’éthylène glycol qui sont des composants du pétrole. Les matières chimiques utilisées sont retirées du polyester pendant le lavage de la fibre.

Le polyester est la matière la plus répandue dans la fabrication de vêtements. Il est choisi pour ses propriétés résistantes, élastiques, peu absorbantes. C’est pourquoi il est notamment utilisé dans la confection de maillots de bain. source



Une fois que vous avez un fil, quelle que soit sa matière, il est transformé par tissage ou tricotage. Il s’agit de procédés mécaniques assemblant les fils pour en faire un tissu.


Vidéo : Comment c’est fait : le tissu (4 min)  

Vidéo : Il est fabriqué comment ton pull ? (7 min)  

Critère de choix 1 : l’impact environnemental des fibres textiles

Les textiles en matière naturelle, artificielle ou synthétique n’ont pas les mêmes propriétés mais surtout pas le même impact environnemental.

Soyons honnêtes, toute production de matière a un impact négatif sur la planète.

Attardons nous sur l’impact environnemental de la production textile.

Fibre naturelle ne veut pas dire textile non polluant

La production des matières végétales comme animales va impliquer l’usage d’eau, et l’utilisation d’engrais et de pesticides. L’élevage d’animaux va induire la culture de céréales qui peuvent elles-mêmes amener à l’utilisation d‘engrais chimiques ou de pesticides.

C’est pourquoi de manière générale, il est bon de privilégier les matières dites biologiques.

C’est le cas notamment du coton bio. Le coton conventionnel a besoin de beaucoup d’eau pour pousser. Les cultures de coton biologique utilisent moins d’eau (91% d’eau économisée, source : Coton biologique vs coton conventionnel) et pas de pesticides, d’engrais chimiques ni insecticides.


La laine peut aussi être produite de manière biologique. La laine bio répond à des standards élevés en matière de gestion responsable des terres d’élevage et de pâturages ainsi que sur le bien-être animal. (source)


La nécessité du critère biologique est moins vraie pour des fibres comme le lin ou le chanvre. En effet, ces deux matières poussent plus facilement, ont besoin de peu d’eau, peu ou pas d’engrais ni insecticides.

Ainsi le lin et le chanvre, même non bio, sont des matières textiles plus écologiques.  (Source chanvre et source lin)


C’est également le cas de la laine d’Alpaga. En effet l’alpaga produit naturellement beaucoup de laine et est peu gourmand en eau et nourriture. (Source)


Pour ce qui est des matières artificielles dont l'origine est naturelle. Ces matières sont transformées chimiquement pour en faire une pâte qui permettra d’en obtenir des filaments. Le processus chimique d’extraction de cellulose et de création de la pâte utilise des produits chimiques toxiques comme le sulfate de soude, l’acide citrique, le disulfure de carbone. (source)

Zoom sur le bambou

On trouve de plus en plus de bambou dans les matières textiles. Attention au greenwashing car si la base est naturelle et sa production écologique, le procédé de fabrication est lui polluant, comme pour la plupart des autres matières artificielles.

Lyocell : l’exception

Exception à la règle, le lyocell (commercialisé sous le nom de Tencel®) dont la viscose est produite à partir de pulpe de bois d’eucalyptus, est issu d’un procédé de fabrication écologique car le solvant utilisé est non toxique et recyclé à 99%. C’est une fibre biodégradable.

Source


Quant aux matières synthétiques, elles sont issues du pétrole. La combustion du pétrole contribue à la dégradation de la qualité de l’air et à des émissions de gaz à effet de serre. La production des matières textiles synthétiques a recours à des substances chimiques qui sont retirées du polyester pendant le lavage de la fibre et finissent dans les océans. (source : RNCREQ : Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec)

Critère de choix 2 : dermatologie et santé humaine

Beaucoup de personnes qui passent à une consommation raisonnée, aux produits bio et zéro déchet, le font suite à la naissance d’un enfant. En effet, soucieux d’offrir le meilleur à leur progéniture et surtout de lui éviter les soucis de santé, les jeunes parents regardent de plus près la composition des textiles pour bébé.

Choisir ses textiles grâce aux labels

Les labels textiles peuvent-ils suffire à choisir les meilleurs tissus pour notre peau ? Découvrez notre article : Label Oeko-Tex et Label GOTS : quelles différences ?

Les labels peuvent être un premier filtre dans le choix des textiles. Le label Oeko-tex Standard 100, qui certifie l’absence de substances nocives dans le produit fini, est un critère minimal pour le choix de vos tissus.

Les fibres végétales et biologiques plus douces pour la peau

La peau des jeunes enfants peut être sujette à des problèmes dermatologiques tels que l’eczéma ou la dermatite atopique. Mieux vaut alors privilégier les matières douces et naturelles. En effet, le lin est naturellement hypoallergénique. Le coton biologique est naturellement doux et, s’il est labellisé GOTS, il est garanti sans produits chimiques toxiques (métaux lourd toxiques, formaldéhyde, solvants aromatiques, nanoparticules fonctionnelles, plastisol, phtalates, PVC, agents blanchissants au chlore). 


Toutefois, les matières comme la laine peuvent gratter et donc entraîner des irritations sur les peaux fragiles.

La viscose, matière artificielle créée pour reproduire les caractéristiques de la soie en étant moins chère, peut être mieux tolérée par les peaux sensibles.

Le fibres plastiques mauvaises pour la peau

En revanche, gros désavantage aux matières synthétiques comme le nylon ou l’acrylique qui sont issues de l’industrie du pétrole. En plus de leur composition en plastique, les tissus en fibres synthétiques sont peu respirants. Associés à la transpiration, ils peuvent être à l’origine de champignons ou de bactéries.

Le polyester est certes plus adapté à l’humidité et donc aux pratiques sportives par exemple, mais ses fibres courtes peuvent irriter les peaux sensibles.

source : Comment bien choisir ses matières textiles  


Ainsi, que ce soit pour vos enfants ou pour vous-même, la peau tolèrera mieux les tissus en matières naturelles. Leur composition est naturellement compatible avec le derme. Si votre peau est sensible, il est recommandé de choisir des vêtements en couleurs claires ou naturelles (souvent écrues), non blanchies. Vous pouvez également opter pour des tissus à teinture végétale faites à partir de plantes, d'épices, de fleurs, de fruits, etc.

Critère de choix 3 : impact de l’entretien des tissus

Au-delà de l’impact environnemental dû à la production des tissus, il est important de considérer les conséquences du lavage en machine. Vous ne le savez peut-être pas mais lorsque vous lavez vos tissus en machine, certaines particules s’en détachent et finissent par être rejetées dans l’eau. Dans le cas des matières plastiques comme le polyester, l'acrylique, le nylon, ces fibres sont tellement petites qu’elles ne peuvent pas être filtrées dans les stations de traitement des eaux usées et finissent dans les océans. Cela impacte aussi bien nos aliments que notre oxygène. En 2017, l'IUCN (l'Union International pour la Conservation de la Nature) estime que, chaque année, 1,5 millions de tonnes de microplastiques sont déversées dans les océans. Ils se retrouvent dans l’ensemble de l’environnement, sont ingérés par les animaux et par l’homme. Ils contiennent des additifs qui ont des conséquences sur la santé humaine notamment comme perturbateurs endocriniens. (A lire : Comment les microplastiques polluent-ils l'environnement)

Sachant cela, on comprend bien que plus vos textiles seront composés de fibres naturelles et moins ils pollueront la planète et seront néfastes pour votre santé.

En 2020, l’Etat français a fait passer une loi obligeant les fabricants à équiper les machines à laver de filtres à particules plastiques d’ici 2025 pour empêcher cette pollution.

Même si des solutions existent comme l’utilisation d’un sac spécifique, le Guppyfriend, empêchant la diffusion des micro-particules, la simple présence de ces fibres plastiques au contact de votre peau nous semble peu réjouissante.

Une nouvelle fois, l’avantage est donné aux matières naturelles.

A lire : 5 bonnes pratiques de l’entretien textile à la maison

Critère de choix 4 : fin de vie du tissu

On n’a pas encore inventé le tissu qui se régénère tout seul (mais c’est en cours !), alors forcément, votre tissu ou votre vêtement finira tôt ou tard par être inutilisable. 

A ce moment-là il pourra être jeté (sic!), recyclé ou composté.

On ne s’étendra pas sur le fait de jeter ses vêtements pour qu’ils finissent par se désintégrer ou par être incinérés.

Caractéristiques d’un tissu recyclable

Le recyclage est un bon moyen de revaloriser les matières au lieu de les détruire et d’en reproduire de nouvelles. Ainsi les déchets des uns sont les nouvelles ressources des autres.


Un textile composé d’une seule matière comme le 100% coton est plus facilement recyclé, car le tri des matières est facilité. En effet, les textiles mélangés sont plus difficiles à recycler car il faut pouvoir séparer les fibres. Aujourd’hui, peu d’entreprises savent recycler les vêtements coton-polyester alors que cette composition concerne un tiers des vêtements fabriqués. Source


Les vêtements recyclés sont transformés en chiffons, en isolant, rembourrage ou en nouveaux textiles.


Il faut tout de même savoir que les vêtements fabriqués à partir de textiles recyclés sont moins résistants et entraînent l’ajout de fibres nouvelles.


Il est possible de recycler des matières naturelles comme synthétiques. Le coton et le polyester sont des matières textiles recyclées. Il est malgré tout compliqué de trouver la liste précise des matières textiles recyclables.
Toutefois, il est impossible d’atteindre le recyclage infini. Il vaut donc mieux privilégier une fois encore les matières naturelles qui auront un impact plus faible sur l’environnement.

Fin de vie du tissu : biodégradable

Une matière biodégradable est une matière qui sera décomposée par des organismes vivants comme des champignons ou des bactéries.

Les matières synthétiques comme le polyester ne sont pas biodégradables car elles mettent des dizaines d’années à se décomposer dans la nature.


On parle également de plus en plus de matière compostable. En effet, les matières 100% naturelles comme le coton, le lin ou le chanvre vont pouvoir se biodégrader dans la terre, à condition de retirer les boutons, zips et autres accessoires.

En revanche, les matières plastiques pourront passer des décennies dans le sol, elles diffuseront leurs microparticules de plastique sans se dégrader entièrement.

Le compostage des textiles est plus compliqué qu’il n’y paraît puisqu’il nécessite une transparence totale sur la composition des vêtements mais dans la théorie, les matières naturelles prennent un avantage certain. source  

A lire : Comment reconnaitre un tissu biodégradable  

Avantage aux matières naturelles

Ainsi donc, les matières textiles naturelles présentent de nombreux avantages par rapport aux matières synthétiques. Bien que ces dernières soient souvent moins chères et offrent des caractéristiques spécifiques, mieux vaut les éviter pour des raisons de santé et environnementales. Les textiles en matières synthétiques et plastiques ont un impact négatif à chaque étape de production et d’utilisation ainsi qu’une fois qu’ils doivent être éliminés. Bien que certaines matières synthétiques puissent être recyclées, elles ne sont pas recyclables à l’infini et finiront forcément par devoir être éliminées.

Les matières naturelles, bien qu’elles engendrent une consommation de ressources naturelles lors de leur production, offrent de meilleurs avantages en termes d’impact environnemental et pour la santé humaine. La production de textiles en fibres naturelles et certifiés biologiques réduit considérablement l’usage d’eau, de pesticides, d’engrais et d’intrants chimiques. Ils sont meilleurs pour la peau et plus faciles à recycler et à éliminer.

À propos de l'auteur

Léa Ramelot

Diplômée d’une licence en journalisme et communication et d’un master en gestion de projet digital, je découvre chez Cousu Bio l’univers textile et son aspect environnemental. Je me sers de ces découvertes pour partager les informations dans des articles de blog.

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